Étude exploratoire auprès d'individus présentant une trisomie 21 ou un syndrome de williams :

Apprendre, c’est élaborer une connaissance nouvelle ou modifier une connaissance ancienne si cette dernière ne permet plus d’appréhender une situation.
Acquérir de nouveaux savoirs requiert un rôle actif de l’apprenant qui doit manipuler des idées, des connaissances, des conceptions, et donc s’appuyer sur ses capacités en langage et en théorie de l’esprit.

Lors des apprentissages, le langage joue un rôle de « boîte à outils » (Bruner, 1991, p. 26) : par son utilisation, sous différentes formes, dans diverses situations, il permet de donner un sens à la réalité qui nous entoure. Il rend possible une organisation et une compréhension du monde de telle manière qu’elles puissent être communiquées. Le langage est un moyen de communication et, plus particulièrement, un vecteur de la construction des savoirs dans le contexte scolaire. Il est important dans l’ensemble des activités scolaires pour comprendre des consignes, organiser ses idées, résoudre des problèmes mathématiques, etc. Le langage représente le support par lequel l’adulte transmet des savoirs dans les situations d’apprentissage et par lequel un élève partage des expériences avec ses pairs. Par leur progrès en langage, oral ou écrit, les élèves ont accès à d’autres connaissances, scolaires ou non.

Une autre capacité primordiale dans le milieu scolaire est la théorie de l’esprit qui est la base de la compréhension sociale. Pour communiquer avec autrui, le comprendre, lui transmettre des informations, il faut être capable de distinguer ses pensées, volontés, et croyances de celles de son interlocuteur. En comprenant et en attribuant des états mentaux à lui-même et aux autres, l’élève peut interpréter les intentions d’autrui ou réfléchir sur ses propres idées. Lors de la construction des savoirs, il est essentiel d’utiliser les capacités en théorie de l’esprit pour avoir accès à plusieurs points de vue. Grâce aux capacités d’attribution de fausse croyance (capacité d’un sujet à comprendre qu’autrui puisse avoir un point de vue différent, qui n’est pas conforme à la réalité), aux capacités de compréhension et attribution d’inférences de 1er ordre (« je pense que Martin pense… ») et de 2e ordre (« je pense que Martin pense que Jacques pense… »), l’élève peut saisir plusieurs interprétations d’une même information, prendre en compte les diverses opinions de ses interlocuteurs, ainsi que prédire leurs comportements, leurs désirs, leurs intentions.

Le langage et la théorie de l’esprit se développent conjointement : plusieurs travaux mettent en évidence, chez des enfants au développement typique ou des enfants avec une déficience intellectuelle, un lien entre les capacités en langage et celles en théorie de l’esprit. Maîtriser le langage permet de mieux comprendre les états mentaux des autres, d’agir et de parler en conséquence tandis que la bonne mise en œuvre de la théorie de l’esprit serait facilitée par une bonne maîtrise du langage. Ces deux capacités cognitives sont donc cruciales pour le développement de la socialisation de l’élève, et plus encore dans le milieu scolaire. Elles pourraient servir de levier pour appréhender les modalités d’apprentissage d’élèves à besoins éducatifs particuliers.

Parmi les recherches concernant les élèves à besoins éducatifs particuliers, la question de la socialisation et de la scolarisation est particulièrement bien documentée pour les élèves avec troubles du spectre autistique (TSA). En revanche, pour les élèves présentant une déficience intellectuelle, la littérature fait état de recherches très générales, ne comportant que très peu de données spécifiques sur des pathologies neurodéveloppementales rares. C’est le cas pour les individus atteints du syndrome de Williams (SW), qui présentent un comportement social opposé à celui des personnes avec TSA (attirance versus aversion pour les relations sociales) et pour les élèves avec trisomie 21 (T21) dont les performances en situation scolaire ne sont que peu étudiées.

Bibliographie

Référence numéro 1 : Psychologue Jerome Bruner